La Permaculture Urbaine, kesako ?
“ Le but est de développer des modes de vie et de fonctionnement qui ne nuisent pas à l’environnement, qui soient viables économiquement, qui subviennent à leurs propres besoins, qui n’abuse ni des humains ni du vivant, qui ne polluent pas la terre, et qui, par conséquent, sont durable sur le long terme. ”
Bill Mollison
D’où vient le concept de la Permaculture ?
La permaculture peut être considérée comme la simple mais complexe association entre l’adaptation de l’Homme à son milieu, l’agriculture naturelle et l’écologie. Ses objectifs visent à minimiser les déchets, le travail humain et l’apport d’énergie par l’utilisation de systèmes qui permettent d’obtenir une production durable, riche et diversifiée. Ces systèmes puisent dans des observations ancestrales et dans des plus récentes qui émergent en parallèle de l’avènement de l’agriculture intensive et sur-contrôlée.
Ce concept de vie et d’agriculture puise dans plusieurs influences majeures, notamment l’approvisionnement en eau de Percival Alfred Yeomans. l’agriculture naturelle de Masanobu Fukuoka et l’écologie énergétique des frères Odum.
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Masanobu Fukuoka (1913-2008) :
Considéré comme l’un des prédécesseurs de la permaculture, on lui doit le concept de l’agriculture naturelle.
En effet, ce paysan japonais a développé une méthode efficace d’agriculture naturelle.
La méthode d’agriculture qu’il promeut ne nécessite ni labour, ni pesticides, ni désherbage… et surtout, elle demande très peu de travail.
Il obtient néanmoins des rendements importants et riches en diversité en choisissant attentivement le moment des semis et les associations de plantes cultivées. Il a ainsi amplement donné du sens au travail de l’harmonie entre l’Humain et la nature.
A la suite de son expérience en Afrique en 1985, il documente les méthodes d’agriculture naturelles applicables aux zones désertiques de la planète. Bien évidemment il n’est pas question d’aménagements du paysage par l’abattement d’arbres où à l’aide de labour des sols, il s’agit plutôt de mettre à contribution les ressources déjà présentes dans le milieu (disponibilité de l’eau dans le sol par exemple).
En 1986, il participe entre autres à la deuxième conférence internationale de PermaCulture, à Breitenbush Hot Springs & Olympia (EU) et s’affirme par la même occasion comme un acteur investi dans la transmission des notions permaculturelles.
L’agriculture du non agir est le pilier des connaissances transmises par Masanobu Fukuoka et son influence continue de nourrir les concepteurs, horticulteurs et autres acteurs de la permaculture.
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Eugene Odum (1913-2002) et Howard T. Odum (1924-2002)
A l’origine du premier véritable traité d’écologie avec la publication de Fundamentals of Ecology en 1953, les frères Odum ont développé la science de l’analyse de la circulation de la matière et de l’énergie mais ont également approfondi la description et l’évaluation du fonctionnement des écosystèmes.
Des recherches de ces écologues s’est élaboré le principe selon lequel les écosystèmes les plus riches en biodiversité sont les plus pérennes et les plus efficaces dans l’utilisation des flux énergétiques.
Des travaux expérimentaux, conduits dans les années 1990 et effectués à une échelle européenne, viendront confirmer ce principe en démontrant que, pour les plantes herbacées, la productivité dans les cultures diversifiées est largement meilleure que dans les monocultures.
Les Frères Odum ont ainsi et grâce à leurs recherches, princièrement enrichit la compréhension des interactions à l’intérieur des écosystèmes
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Perceval Alfred YEOMANS (1904-1984) :
A l’origine du Keyline Design largement répandu en permaculture, cet agriculteur australien s’est intéressé aux méthodes d’aménagement des espaces agricoles, orientées sur la gestion des eaux de ruissellement, la régénération des sols et la séquestration de carbone.
Son objectif initial était de repenser l’aménagement de sa ferme suite au constat tragique que beaucoup de maux en agriculture étaient dus à une mauvaise planification agricole et à une incompréhension de la topographie.
Les principes de l’aménagement keyline reposent sur une méthodologie d’aménagement du paysage (c’est une nouveauté de prendre en compte les éléments qui accompagnent la parcelle à cultiver). Repris en permaculture sous le nom de “Design” l’objectif reste le développement d’un sol profond, bien aéré et présentant une fertilité biologique importante grâce à un aménagement réfléchi et qui demande peu de moyens.
Perceval A.Y. instaure des priorités lors de l’organisation des éléments d’un paysage. Cette méthodologie porte maintenant le nom de l’échelle de Keyline :
Dans un premier temps, considérer le relief, le climat, l’environnement du terrain, ensuite se pencher sur la gestion de la ressource en eau et par la suite, seulement et dans cet ordre là, sur les chemins, les boisements, les bâtiments et les clôtures.
Inspiré par la lecture de paysages, cet agriculteur nomme comme point clef la zone de transition dans les vallées où la pente dite érosive devient dépositaire. C’est la courbe de niveau passant par cette zone (point clef) qu’il nomme ligne clef ou Keyline qui servira de référence pour l’aération du sol, l’infiltration de l’eau et le contrôle de l’eau de surface.
Ces principes qu’il nous transmet sont à considérer avant de travailler un champ, poser une clôture, créer un barrage et particulièrement avant l’acquisition d’un terrain.
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La naissance du terme Permaculture :
À la fin des années 1960 en Australie, un enseignant en Écologie, Bill Mollison et un essayiste, David Holmgren, constatent le danger de l’utilisation intensive des méthodes agricoles industrielles. Leur opinion est arrêtée : ces méthodes sont dépendantes des ressources fossiles, elles empoisonnent l’eau, détruisent les paysages, réduisent la biodiversité et privent les sols autrefois fertiles de milliards de tonnes de terre végétale.
Leur réponse face à ce constat fut le développement d’une approche de conception de paysage qu’ils appellent alors permaculture. En 1978 ils publient leur livre Permaculture One qui à l’heure actuelle est considéré comme le point de départ de cette approche.
Peu de temps après la publication de leur livre, David décide de rester sur le lieu qu’il a créé avec Bill afin de développer des techniques et des aménagements tandis que Bill M. affine et développe ses idées. Mollison conçoit des centaines de sites de permaculture et écrit d’autres livres plus détaillés (Permaculture: A Designers Manual).
De la conception de systèmes agricoles, la permaculture se rend maintenant responsable des habitats humains durables. Cet enseignant projette une expansion rapide de son concept encourageant les diplômés à devenir eux-mêmes des enseignants et à créer leurs propres instituts et sites de démonstration. Cette conviction le poussera à donner de nombreuses conférences à travers le monde et à dispenser des cours de design en permaculture.
Qu’est-ce que la Permaculture ?
On peut donc définir la Permaculture simplement, comme une science, un art de l’aménagement d’écosystèmes humains résilients et durables dans le temps.
Sa philosophie se base sur 3 piliers majeurs :
- Prendre soin de la Terre, c’est s’assurer du respect de l’environnement. La Terre est l’élément principal à considérer puisque l’Homme vit et évolue grâce à ses ressources et que l’évolution des êtres humains ne peut pas se faire sans une Terre en bonne santé.
- Prendre soin des autres, c’est penser collectivement et intuitivement pour s’assurer que chaque personne accède aux ressources nécessaires à son existence.
- Créer de l’abondance et la redistribuer équitablement, c’est réinvestir les reliquats dans le système en respect avec les deux premiers piliers. Cela inclut entre-autre la considération des déchets pour être recyclés en matière première.
Mais aussi sur plusieurs principes qui permettent eux aussi de nous guider dans notre processus de design :
1) Observer et interagir
2) Capter et stocker l’énergie
3) Obtenir une production
4) Appliquer l’autorégulation et accepter la rétroaction
5) Utiliser et valoriser les ressources et les services renouvelables
6) Ne produire aucun déchet
7) Partir structures d’ensemble pour aller aux détails
8) Intégrer au lieu de séparer
9) Utiliser des solutions à petites échelles et avec patience
10) Utiliser et valoriser la diversité
11) Utiliser les interfaces et valoriser les bordures
12) Face au changement, réagir de manière créative
En résumé, nous pouvons dire que la Permaculture est un très bon outils pour la gestion de projet. Elle cherche premièrement à étudier comment l’on peut répondre à nos besoins humains en symbiose avec l’environnement qui nous entoure.
Elle s’inspire factuellement de plusieurs disciplines dont l’agriculture biologique, l’agroforesterie, l’agriculture intégrée, le développement durable et l’écologie appliquée.
L’intérêt principal de la permaculture ne porte donc pas sur chaque élément séparément, mais plutôt sur la synergie créée entre les éléments par l’agencement de l’ensemble dans le but que le tout deviennent plus productif que la somme des constituants. C’est pour cela que la principale technique en Permaculture est le design et non les différentes techniques agroécologiques.
Ce concept évolue avec le temps en s’adaptant aux maux de l’humanité et permet de développer des systèmes complexes qui fournissent une production suffisante en aliments, en matériaux et énergies en consacrant un apport minimal en ressources (temps, énergie, argent.). Elle s’applique le plus souvent à l’aménagement paysager et à la conception de logements mais elle peut être un outil pour tout type de projet.
“Though the problems of the world are increasingly complex, the solutions remain embarrassingly simple.”
Bill Mollison.
Qu’est-ce que la Permaculture Urbaine ?
Vous l’aurez compris, la Permaculture vise aujourd’hui plus largement les écosystèmes humains et non les techniques agricoles. C’est pour cela qu’au sein de l’association Ostara nous avons eu l’idée d’expérimenter cette science-art dans un milieu complexe et qui est à l’origine d’une grande partie des maux de l’humanité : la Ville.
Pour nous, la Permaculture Urbaine permet d’étudier une ville plus largement et de créer des synergies entre son territoire et les territoires à proximité afin de relocaliser le plus possible les échanges humains et donc réduire les externalités négatives dans le monde entier par effet papillon. A plus petite échelle, elle permet de repenser tout type d’aménagement (immeuble, commerce, espace public, jardin…) de manière plus durable et résilient, en prenant les caractéristiques intrinsèques de l’espace urbain (humains, petits espaces, pollutions…). Par exemple, au sein de notre Permalab dans le 9ème arrondissement de Lyon, nous essayons de trouver des solutions pour que les espaces verts, les jardins collectifs et privés soient plus respectueux de la Nature par le développement de la biodiversité et la gestion de l’eau notamment. En effet, les besoins de ses acteurs n’étant pas de produire pour se nourrir prioritairement mais de créer des lieux de bien-être, pourquoi auraient-ils besoin de pesticides et de milliers de m3 d’eau pour entretenir leurs terrains ? Nous collaborons aussi avec les constructeurs de la Ville de demain comme les bailleurs sociaux et les promoteurs pour repenser les nouvelles constructions de manière plus écologique.
Vu que les villes sont des milieux très complexes, il va falloir coopérer et mutualiser les moyens et compétences pour construire des villes “Permaculturelles”. C’est pour cela que nous croyons fortement à la diffusion des savoirs afin que tout un chacun puisse être conscient et autonome dans ses démarches et que chaque corps de métiers puisse aussi évoluer dans ses pratiques.
L’Oignon fait la force !